Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les rapports de Brodeck
21 avril 2012

Thais - Histoire

Activité Histoire: Recherches sur un fait historique évoqué dans Brodeck.

 

 

* Introduction

Le rapport de Brodeck est un roman écrit par Philippe Claudel, ayant reçu le prix Goncourt des Lycéens. Il raconte l'histoire d'un homme nommé Brodeck, chargé d'écrire le rapport d'un crime ayant été commis par les hommes de son village. Ce roman ne contient pas son rapport, mais le récit de sa vie, et de son enquête. Nous nous apercevons vite que Brodeck est en fait un rescapé des camps de concentrations lors de la Seconde Guerre Mondiale. En effet il fera allusions à plusieurs reprises aux conditions dans lesquelles il a vécu et dans lesquelles des millions de gens ont péri, comme si tous ces éléments lui revenaient en mémoire au fur et à mesure de son enquête. Ce roman est le témoignage fictif d'un ancien détenu des camps de concentrations. En effet, de nombreux événements propres à la Seconde Guerre Mondiale sont évoqués de manière détournée et implicite certes, mais en réel concordance avec la réalité historique.

* La déportation et les camps de concentration

 

Tout d'abord nous apprenons que Brodeck a été déporté dans un camp de concentration comme il l'exprime dès la page 26, "On m'a emmené, comme des milliers de gens, parce que nous avions des noms, des visages ou des croyances qui n'étaient pas comme ceux des autres.".Ici, on nous présente un homme tourmenté et qui est revenu complètement changé de cette guerre. En effet il rappelle l'inhumanité des événements de l'époque et l'animalisation dont ont été victimes tant de personnes.(" On m'a enfermé au loin, dans un lieu d'où toute humanité s'était retirée et où ne demeuraient plus que des bêtes sans conscience qui avaient pris l'apparence des hommes."p26). Nous savons par l'histoire qu'à l'époque les populations juives, tziganes, les résistants ou encore les homosexuels(appelés les Fremdër dans ce roman) étaient, lors de leur déportation, entassés dans des wagons pour animaux, c'est aussi un élément que Philippe Claudel retranscrit dans son roman à la page 74"A mes côtés il y eut ainsi l'étudiant

Moshe Kelmar, qui avait été dans le même wagon que moi. Durant six jours nous avions parlé, tandis que nous étouffions entassés dans le grand étau de métal qui avançait à une allure de limace dans une campagne qu'on n'apercevait même pas, que nos gorges devenaient sèches comme des pailles de la fin août, qu'autour de nous la grande masse humaine gémissait et pleurait. Il n'y avait pas d'air, pas de place. Il y avait des vieillards, des jeunes filles, des hommes, des femmes. Il y avait tout près de nous une jeune mère et son enfant de quelques mois. Une très jeune mère et son petit enfant. Je me souviendrai d'eux toute ma vie.". Cette déportation était faite par les Nazis, que Brodeck appellera pendant tout son récit les "Fratergekeime" à partir de la page 49"[...]chacun regardait vers l'est, tendait l'oreille pour écouter les bruits de bottes que pouvaient bien faire les Fratergekeime qui restaient invisibles- c'est ainsi qu'on appelle ceux qui sont venus répandre ici la mort et la cendre, des hommes qui m'ont fait devenir animal, des hommes qui nous ressemblent[...]". En effet les Nazis étaient les partisans du régime Nazi dirigé par Adolf Hitler, ils devaient exécuter les ordres de ce dernier, et ils ont été les auteurs des terribles rafles et déportations permettant l'épuration ethnique et la conservation de la race dite supérieure, la race aryenne. Nous retrouvons aussi la description de la sortie des wagons, description une fois de plus très réaliste et basée sur des faits réels de notre histoire. En effet à la page 73 nous retrouvons une version de la sortie des wagons, très ressemblante aux témoignages de nombreux déportés "Ils nous sortaient des convois à coups de trique, dans les hurlements. On devait ensuite en courant rejoindre le camp. Trois kilomètres de mauvais chemin, sous les cris, les aboiements des chiens, leurs morsures profondes parfois. Ceux qui tombaient étaient achevés sur place, à coups de bâton." De plus, Philippe Claudel nous propose une description de l'entrée du camp qui paraît plus que réaliste. En effet nous savons d'après de nombreux témoignages, d'après des photos aussi, que les Allemands pendaient des détenus chaque jour sur des crochets de boucherie, que la mort planait au dessus de la tête de chaque détenus, qu'elle en devenait même presque banale(sans pour autant ne plus être atroce) tant elle était fréquente. A la page 79 tout ceci est clairement exprimé "Au bout du chemin et au bout de ma course, il y avait l'entrée du camp [...]des gardes se tenaient droits et raides, et au dessus du portail, il y avait un gros crochet, brillant, semblable à un crochet de boucherie auquel on suspend des bœufs entiers. Un homme s'y balançait, mains liées dans le dos, une corde au cou, les yeux grands ouverts et sortis de leurs orbites, la langue épaisse, gonflée, tendue hors des lèvres, un pauvre gars qui nous ressemblait comme un frère et dont le maigre poitrail s'ornait d'une pancarte sur laquelle était écrit, dans leur langue, la langue des Fratergekeime qui avait été jadis le double de notre dialecte, sa sœur jumelle, "Ich bin nichts"-"Je ne suis rien"." Dans son récit, Brodeck nous fait part des conditions atroces dans lesquelles il a vécu durant deux ans, de l'humiliation, de la déshumanisation et de la souffrance dont il a été victime. Il était appelé Chien Brodeck qui semble être un souvenir très troublant de sa vie si nous remarquons le nombre de fois où il fait référence à ce surnom regroupant l'humiliation et l'animalisation dont il a été victime. En effet, pour les

nazis, mais pas seulement, les Juifs étaient considérés comme des animaux si ce n'est pire. Le but de leurs années de détention était certes de les exterminer afin de purifier les populations européennes, mais aussi de les humilier de les faire souffrir et de les rabaisser à l'état de "fientes" comme nous l'exprime Brodeck à la page 30. C'est avec une réalité troublante ne relevant pourtant pas d'un témoignage réel, que Philippe Claudel nous retranscrit dans son roman l'un des événements historiques les plus sombres de notre histoire.

* "La Nuit de Cristal" ou "Kristallnacht"

 

Plus précisément, nous retrouvons dans ce roman un événement historique qui a défini les prémices de la Shoah. Il s'agit en effet de la Nuit de Cristal qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 en Allemagne. C'était une réaction du parti Nazi face à l'assassinat par un juif polonais d'origine Allemande, de Ernst vom Rath, un responsable de l'ambassade Allemande à Paris. C'est Adolf Hitler le chancelier du Reich qui avait ordonné cet acte. Il fût commis pas les SA, les SS, les membres de la jeunesse Hitlérienne, qui étaient soutenus par la Gestapo et d'autres forces de Police. Cet acte consista à brûler, détruire des centaines de synagogues, des milliers de commerces tenus par des Juifs, ainsi qu'a abattre sauvagement des centaines de juifs. Il y eut aussi plus de 30000 juifs déportés. Dans le roman de Philippe Claudel, le personnage de Brodeck ayant subit la déportation, nous apprend qu'il a été victime de cet événement qu'il appelle la "Pürische Nacht" traduite par "la Nuit de la Purification" (page78). Nous comprenons qu'il s'agit du même événement historique que La Nuit de Cristal, qui, dans le roman serait une réponse à l'assassinat non pas de Ernst vom Rath, mais de Ruppach ("Vengeance pour Ruppach" p225).Il nous offre aux pages 225 à 231 une description traduisant l'horreur et l'inhumanité des événements de cette nuit si terrifiante, " [...] les vitrines béantes comme des gueules d'animaux morts, les intérieurs saccagés des boutiques, les tonneaux éventrés d'où se répandaient des harengs marinés, des viandes séchées, des cornichons, du vin, les étals souillés, les marchandises éparpillées. Au bruit des pas sur le tapis de verre se mêlait celui des plaintes et des pleurs.[...] Par contre, trois cadavres aux têtes démesurément gonflées et bleuies par les coups qu'elles avaient reçus étaient étendus devant l'échoppe d'un tailleur". Il a aussi assisté au meurtre d'un vieil homme page226 " C'était un vieillard, recroquevillé un peu plus loin dans l'encoignure d'une porte. Il était d'une grande maigreur et sa longue barbe blanche étirait sa figure en l'amincissant plus encore. Il tremblait et tendait le bras vers moi. Je fus vite auprès de lui, et tandis qu'il répétait toujours les mêmes paroles, "Fous, fous, fous,

devenus fous..." dans l'antique langue qui était celle de Fédorine, j'essayai de le remettre sur ses jambes.[...]des voix éclatèrent derrière nous. "Et ils bougent encore! Ils nous narguent! Eux ils sont debout, et notre Ruppach est mort! "[...] L'un des trois lui appliqua son bâton contre la poitrine: "Tu vas répéter après moi: Je suis une merde de Fremdër! Vas-y répète! "[...]Le vieillard semblait s'être endormi. Ses yeux étaient clos. Il ne parlait plus. L'enfant poussa son frère rageusement, m'écarta avec la pointe de son bâton, et s'immobilisa devant la faible masse recroquevillée à terre.[...]Il leva son bâton bien au dessus de sa tête et l'abattit en hurlant sur le vieil homme qui ne cria pas mais qui ouvrit les yeux et les écarquilla, et se mit à trembler comme si on l'avait précipité dans une rivière glacée. L'enfant lui donna un deuxième coup, sur le front, puis un troisième, sur l'épaule, puis un quatrième, puis un cinquième... Il ne s'arrêtait plus et riait. Ses camarades l'encourageaient en tapant dans leurs mains, et en scandant "Oï! Oï! Oï! Oï!" pour lui donner un rythme. Le crâne du vieillard éclata dans un bruit sec de noisette que l'on brise entre deux cailloux." Nous avons ici grâce au personnage de Philippe Claudel, le témoignage de cette nuit terrible, qui donna un avant goût de ce qu'allait être l'idéologie défendue par le parti Nazi au cours de cette guerre.

* Conclusion

Philippe Claudel nous propose un roman mystérieux au départ, et rempli de symboles. Par le motif de l'écriture d'un rapport, il va faire ressortir de la tête de son protagoniste les souvenirs douloureux de ce qui fut il y a plus de 70 ans la réalité de l'histoire du monde; et nous retrace ainsi les terribles événements de la guerre racontés par un personnage fictif, qui pourtant aurait pu être réel.

Publicité
Commentaires
J
nous aussi :P <br /> <br /> ps: le français ça reste de la merde t'emballe pas
A
merci pour tout tu nous a sauver la vie
C
Certes, on peut assimiler Le Rapport de Brodeck à la seconde guerre mondiale, mais je pense surtout que l'auteur a voulu avoir une portée universelle. Cette horreur pourrait se produire n'importe où, n'importe quand, même ni nous prenons des sujets d'actualité comme la Syrie.
Publicité
Archives
Publicité